mardi 6 juin 2017

Cape Town et le Cap de Bonne Espérance

Jamais je n'aurais pensé aller si loin sur le globe, ni si loin au Sud. D'abord la ville, Cape Town, toute entourée de montagne (la table, la tête de lion…)  qui prennent la lumière et attrapent la brume des matins, son front de mer touristique mais vide dès le crépuscule tourné vers Robben Island où Mandela et ses frères de lutte ont passé tant d'années enfermés, ses quartiers anciens aux maisons de couleur où Tamara nous emmène marcher dans un silence peuplé d'oiseaux en croquant des grains roses à même les poivriers, et tous les autres endroits où je n'ai pas eu le temps d'aller.







Et puis, grâce aux conseils de Tamara et de Sharon, on prend la route vers le Cap de Bonne Espérance, le long de l'Atlantique puis de l'Océan Indien, en croisant des animaux qui nous prouvent qu'on est vraiment ailleurs et on roule et on roule jusqu'à la pointe mythique où les deux océans se rencontrent et se mélangent en grandes lignes d'écume, dans le fracas des vagues et le vent déchaîné pendant que les fantômes de tous les navigateurs, de tous les marins de toutes les cultures, de toutes les époques et de toutes les histoires passent… et je pense à Sardine et Gabriel d'A la renverse, bien sûr : “Qu'est-ce qu'il y a, de l'autre côté ?” Là-bas, tout droit, l'Antarctique. 
On repart en sens inverse pour s'arrêter manger des frites chez Snookies dans le vieux port de Hout Bay, au milieu des bateaux rouillés sur cales, des fumée de calfatage et des mouettes et là, au bout du quai, des cris étranges, on s'approche : des phoques se dorent au soleil, nagent par bandes noires, profilées et gracieuses en faisant des virevoltes dans l'eau verte, traversent le quai en bonds stupéfiants et chantent, hurlent ou grognent sous le ponton métallique qui résonne.





"What do you think there is, on the other side ?" asks Sardine to Gabriel, sitting together on their bench that faces the ocean, in Upside-down/A la renverse. Thanks to Tamara's and Sharon's great advice, thanks to Pascale's enthusiasm and organizational skills, now, I know : on the other side, there are yummy Snokies, misty wooden boats, running changing skies, singing barking seals, rumbling waves, floating seaweeds, lonely ostriches crossing the roads, ghosts of all humanity, huge ancient mountains, baboons on road signs, rusty stones while climbing in the salty wind and the horizon, the widest and wildest one I'm taking preciously all the sensations of, back home, deep in my heart.

samedi 3 juin 2017

19ème Congrès ASSITEJ

Une semaine passionnante au 19ème Congrès ASSITEJ qui se tenait à Cape Town-Le Cap, en Afrique du Sud.
L'ASSITEJ, qu'est-ce que c'est ? Une immense organisation mondiale qui regroupe plus de 80 centre nationaux et 5 réseaux transversaux, dans le monde entier.
Plus d'informations ici : http://www.assitej-international.org/en/
Et, pour la France : http://www.scenesdenfance-assitej.fr

Le nom de ce festival ? “The craddle of creativity”, “Le berceau de la créativité”, en écho à l'Afrique, berceau de l'humanité.
L'occasion de retrouver la fine fleur mondiale du spectacle vivant jeune public, qui siège ensemble tous les 3 ans pour voter les nouvelles orientations et actions de ce mouvement  international et pour élire son nouveau comité exécutif, extrêmement actif depuis 6 ans. Avec la joie de voir François Fogel réélu, et même nommé vice-président ! Une présence encore plus efficace pour la francophonie, pleine de potentiel à l'heure où le comité exécutif réfléchit à la façon d'ouvrir le champ des langues et de garantir ue meilleure représentativité de tous les pays, quelle que soit leur richesse ou leur espace géographique, au sein de l'association et de ses événements.






Dans ce nouvel esprit altruiste et d'intelligence collective qui s'y développe ces dernières années, le comité exécutif a lancé ce qu'il appelle des laboratoires régionaux : une région du monde fait appel à l'ensemble de la communauté artistique pour mutualiser les ressources naissantes et existantes autour d'une question précise. En parallèle d'un laboratoire sur la danse mené en Amérique du Sud, nous y étions ensemble, avec Pascale Grillandini, pour mener la seconde session du laboratoire Shaping Stories/ Construire des histoires, autour des écritures vivantes africaines, après la première session qui s'est déroulée à Yaoundé, au Cameroun, pendant le FATEJ.
Hébergés par l'Artscape Center, centre névralgique du festival, nous nous sommes retrouvés tous les jours, 18 artistes africains et autres, en laboratoire de dramaturgie et d'écriture, pour poser les bases, par l'action et le travail, d'un nouveau réseau tourné vers le futur. Un groupe exceptionnel tant par son engagement que par sa créativité et son humour, un immense plaisir de travail et des projets qui fusent.









Ce laboratoire régional inventé par l'ASSITEJ a été porté et organisé depuis le début par Scènes d'Enfance-ASSITEJ France. Il est également soutenu par Write Local, Play Global, le réseau international ASSITEJ des écritures contemporaines pour le jeune public, qui, dans un esprit rassembleur d'écritures en tous genres et de toutes origines, a également organisé de nombreux événements pendant le Congrès, comme des slams d'auteurs quotidiens, auquel notre groupe a participé, de façon très remarquée, notamment par la force de ses voix de femmes…



…par des workshops autour de la dramaturgie sensorielle, ou une rencontre publique autour d'éventuels développements africains de festivals de lecture comme le New Visions-New Voices du Kennedy Center, à Washington, avec le grand plaisir de retrouver 4 des supers 5 auteurs de la session 2016, Lereko Mfono, Tamara Guhrs, Jon Keevy et Mojalefa Samson Mlambo ; la 5ème, Koleka Putuma, étant en tournée dans toute l'Afrique du Sud pour la sortie de Collective Amnesia, son recueil de poésie qui fait un carton.




… et enfin par la remise de trois prix d'"Auteurs Inspirants" à Suzanne Lebeau, Kevin Dyer et René Fernández pendant la cérémonie de remise des prix qui a cherché, elle aussi, à se montrer représentative des créateurs du monde entier. Comment pouvons-nous mieux nous inspirer les uns des autres ?, a été la question qui a habité le comité de ce prix qui a reçu 18 nominations venues de 4 continents.


Plus d'informations sur WLPG, réseau mondial et gratuit ouvert à toutes celles et à tous ceux qui s'intéressent aux écritures dramatiques pour le jeune public, ici :


La soirée de clôture suivante nous a montré, s'il en était besoin, combien tout ce grand mouvement professionnel est affaire d'engagement personnel d'une foule de belles personnes, intelligentes et altruistes, à commencer par Yvette Hardie, la présidente de l'ASSITEJ Afrique du Sud et présidente réélue de l'ASSITEJ international, qui, il y a 3 ans, à Varsovie, a réussi à convaincre tout le milieu de l'urgence et de la justesse d'organiser un tel événement sur le continent africain où jamais rien encore ne s'était déroulé depuis sa création, il y a 52 ans. Beaucoup de femmes fortes ont pris la parole, à divers titres, des exemples de femmes combattantes, inventives, généreuses et associatives, tournées vers le futur, pour le bien des enfants et des adolescents sans en oublier aucun, publics de nos spectacles partout dans le monde. Et le relais a été donné aux Centres Nationaux organisateurs des étapes suivantes : l'ASSITEJ Chine, pour les rencontres artistiques en 2018, l'ASSITEJ Norvège, pour les rencontres artistiques en 2019 et l'ASSITEJ Japon, pour le 20ème Congrès Mondial en 2020.






Preuve de cet esprit d'associativité encore, ce 19ème Congrès avait invité plusieurs associations internationales de spectacle vivant dont Unima, le groupement mondial de tous les artistes de la marionnette, qui a fait vivre quelques créatures impressionnantes sur le parvis et dans les salles.




Une semaine aussi dense qu'enrichissante, dont je suis repartie plus convaincue encore de l'utilité,  de la nécessité, voire de l''urgence aujourd'hui de concevoir notre travail, nos discussions et nos recherches dans le champ international, tant il est riche, créatif, inventif et puissant, une puissance si nécessaire dans certains endroits, renforcée par l'énergie de notre rassemblement.


Saison 17-18 au Tangram

Un nouveau port d'attache pour la saison 17-18 : le Tangram. Qu'est-ce que c'est ? C'est un jeu sans fin et aussi la Scène Nationale d'Evreux, dirigée par Christian Mousseau-Fernandez, qui m'y invite comme autrice associée. Une multitude de lieux et d'espaces de travail qui font écho à de belles idées reliant théâtre, littérature et musique, notamment en direction des enfants et des adolescents : Yippee ! A suivre, donc, dès la rentrée…
Plus d'informations ici :http://www.letangram.com









Bien dit, Max Reinhardt !