lundi 30 novembre 2015

Tokyo - 3… et derniers jours

De retour à Tokyo, il pleut, c'est vraiment l'automne même si kōyō-les feuilles rouges se font attendre, cette année. Encore quelques jours pour découvrir de nouveaux endroits, retourner dans certains anciens, et ce sera la fin de ma première résidence d'écriture itinérante au Japon.

Au parc Ueno, les lotus qui ont envahi les étangs autour du temple de Benten-san pourrissent comme de vieux parapluies.



Je trouve quelques nouveaux sanctuaires inari pleins de renards de pierre auxquels on offre des oeufs et des inari sushis, dans l'aura rouge des bannières qui fait écho au rouge de leurs bavoirs.




…et j'ai le temps de manger un oeuf dur sur la terrasse d'une minuscule cabane de pêche, au bord de la rivière, sous les quatre voies, ou de découvrir de nouveaux bâtiments qui détonnent ou m'étonnent.





Le temps d'aller dire au revoir à Hachiko, impassible sur son petit piédestal, à Shibuya, et de traverser le fameux passage piétons si large, envahi par la foule.




D'aller rendre visite à One Stroke, la maison d'édition de Katsumi Komagata qui fait de si beaux livres pour enfants (et pour adultes), ou de contempler mes derniers tas de feuilles mortes.



Un dernier après-midi au Musée Ghibli, à Mitaka, dans un crépuscule très Totorien, sous le regard du géant de ferraille sur le toit, et déjà la ville et Koenji s'effacent.





Au revoir, Japon. Sayonara, Fuji-san !



lundi 23 novembre 2015

Vers l'Ouest (et retour) - 2

Suite du voyage : Nagasaki, qui est un port, première porte d'entrée des européens au Japon (portugais puis hollandais notamment) et qui a également été bombardée par une bombe atomique en août 1945.





Sur la rivière, le pont aux jumelles (à cause du reflet) et dans l'eau, des carpes géantes de toutes les couleurs. Ici aussi, tout a été rebâti.





Puis je quitte le Kyushu et je retourne sur mes pas, sur la côte de la mer Intérieure, pendant quelques heures…


…pour m'arrêter à Onomichi, la ville où Ozu a tourné le "Voyage à Tokyo", entre autres. La mer de Seto ressemble à un gros bras de rivière tant les îles sont proches les unes des autres, mais les quais de la ville sont pleins de chalutiers, ceux d'en face, de chantiers navals qui travaillent de jour comme de nuit, l'eau est sillonnée par les bacs traversiers qui font la navette et on sent puissamment l'air salé, jusque sur les hauteurs de la ville toute en paliers.





D'Onomichi, je monte sur la côte Nord du Chūgoku, à Yonago, d'où je prends une petite ligne jusqu'à Sakai-Minato, la ville natale de Shigeru Mizuki, le mangaka génial dessinateur de Kitaro le repoussant, dont toutes les créatures ont envahi les rues autour du musée généreux qui lui est consacré.






De Yonago, je suis la côte de la mer du Japon pour m'arrêter à Tottori, la ville natale d'un autre super mangaka, Jiro Taniguchi, et je prends le bus pour aller découvrir le désert de 16km de large aux dunes ultra à pic, escaladées par une foule enthousiaste de tous âges, dans un vent du tonnerre, sous l'oeil torve de 5 chameaux qui se demandent ce qu'ils font sur ce continent… A Tottori ville, je retrouve Momotaro sur une pierre au bord de la rivière où de jeunes canetons font leur apprentissage de la nage simultanée.








Et c'est le retour vers Tokyo, accompagnée par les kakis chargés de fruits.





Vers l'Ouest - 1

Pour mon troisième voyage, je pars de Kyoto vers l'Ouest du Japon, en longeant la mer Intérieure :  Okayama, puis Hiroshima et enfin Hakata, tout au Nord du Kyushu.

Okayama, c'est la patrie de Momotaro, le garçon né dans une pêche géante qui dérivait au fil de l'eau. Recueilli par un couple de pêcheurs, sa force surhumaine l'a amené à vaincre des démons et des dragons, accompagné sur la route par ses trois amis, un renard, un faisan et un singe. C'est aussi une ville surplombée par un château à étages typique dans lequel trône une expo d'armures de samouraïs impressionnantes.






D'Okayama, on peut prendre un bateau pour Naoshima, une île entièrement vouée à l'art contemporain, avec plusieurs musées dessinés par Takao Ando, en béton brut, et des oeuvres commandées spécialement pour des sites particuliers de cette île à des artistes vivants, comme Yayoi Kusama et son potiron géant au bout d'un ponton, déroutant et touchant. A force de regarder du beau, tout devient de l'art.





Puis à nouveau le train vers Hiroshima : le choc du passé qu'on mesure physiquement, devant le dôme conservé dans l'état du bombardement, ou dans le musée, violemment réaliste.



Heureusement, d'Hiroshima on peut prendre un bateau vers Itsukushima, un sanctuaire sur l'eau de toute beauté, pour rééquilibrer.



Hiroshima aujourd'hui, une ville entièrement rebâtie, la ville aux sept rivières.


Puis je reprends le train pour Hakata/Kita-Kyushu, une ville à deux noms, à l'entrée du Kyushu, la plus au sud des grandes îles qui constituent le Japon. Accueillie par Albator, je marche jusqu'au bout du port.