lundi 21 juin 2010

Délipéro des Papilles au Channel


Réveiller nos appétits

Je fonds devant tant de plaisir partagé entre enfants et adultes, autour des Papilles, ces explorateurs imaginaires partis de Blériot-Plage “à la recherche du meilleur goût du monde de toute la vie”. Lancée en octobre 2009, l’histoire s’est achevée ce soir, Saint Cornichon en Papillie, premier Délipéro au Channel, dans un festival de goûts, de mots et d’émotions reliés par cette fiction.

Toute la rencontre a été imaginée par les enfants du CM1 de l’Ecole de Virval. A 5 heures, collier de trombones de bienvenue autour du cou, bouquet d’herbes aromatiques à la main, les familles se sont assises dans le bistrot redécoré pour écouter chants et lecture de la correspondance entre Virgili, Vallèr et leurs enfants, puis goûter à tous les meilleurs goûts du monde de toute la vie découverts, inventés et cuisinés avec Marie-Jo toute l’année, jusqu’au génial CHOCO-CORNICHON (cf photo). Les grands frères et sœurs piétinaient devant le four à bois en disant : “moi aussi, je suis un Papillon !” ; les parents feuilletaient les cahiers du goût, visitaient l’expo, demandaient les recettes, se léchaient les doigts ; et les enfants faisaient le service et la visite du camp de base qu’ils avaient recréé avec amour, en grand costume national Papille qu’ils portaient tous fièrement pour l’occasion : chapeau exotique, tablier bleu, torchon à la ceinture et pansement au doigt…

Je voudrais que vous ayez pu assister à cet extraordinaire instant suspendu, un mois plutôt, lorsque nous leur avons expliqué que cette expédition qu’ils accompagnaient depuis le début de l’année était une histoire inventée pour eux. Ont suivi les deux plus belles minutes de silence que j’aie jamais entendues. Maîtresse comprise. Qui le savait. Nous les avons alors invités à nous rejoindre dans la création de cette expédition des Papilles, et ils ont tous replongé dans le plaisir de LEUR fiction, avec un élan décuplé.

C’est le défi du théâtre, aujourd’hui : renouer avec un plaisir accessible à tous, le plaisir de nos sens et des histoires inventées. Réveiller nos appétits. Réfléchir aux liens possibles entre les spectacles et le public, pour en inventer de nouveaux, plus surprenants, plus riches, plus actifs. Réveiller l’envie de nous retrouver. Les yeux brillants de tous ces enfants, leur moustache de tomate ou de chocolat, leur plaisir à remporter tablier bleu taché ou livret-souvenir et les sourires de leur famille, tous âges mélangés, vont nous y encourager.