Soirée "Rentrée Littéraire Librest" au Théâtre de la Bastille, vendredi soir : quel plaisir de prendre le temps de parler de nos écritures et de croiser nos points de vue, notre travail, nos mondes, nos questionnements…
La première table ronde vibrait de l'engagement clair et entier de ses 4 auteurs, renforcé par ce pas de côté que permet la fiction, pour dire plus et surtout, mieux, une fois qu'on s'est laissé/e traverser par le violence extrême faite à l'humanité. Maintenant, je veux lire au plus vite ces 4 livres : "Kinderzimmer", de Valentine Goby, "Au revoir, là-haut", de Pierre Lemaître, "Robert Mitchum ne revient pas", de Jean Hatzfeld et "Le quatrième mur", de Sorj Chalandon.
J'étais invitée à la deuxième table ronde, autour de cette question : "Fuir ou résister ?", dans le rapport entre réel et fiction.
Beaux moments suspendus aussi, entre "Les renards pâles" de Yannick Haennel, son travail sur la langue qui change tout, du "je" au "nous", l'accélération soudaine du temps qui nous dépasse et l'image des pétales de cerisier sur le pare-brise de la voiture garée, qui m'habite encore ; ou ce qu'a raconté Arnaud Cathrine ("Je ne retrouve personne") de "l'énigme" qu'est l'autre, toutes ces énigmes vivantes que sont les gens qu'on croise, qu'on rencontre ou qu'on croit bien connaître, même, et le temps qui se déplie dans ce roman autour de cette maison face à la mer comme dans un mouvement de caméra très subtil, zoom et travelling arrière combinés.
Bref : quelques heures rares de grand plaisir d'écriture-lecture partagé, grâce à ces libraires si généreux, ouverts et finement associés.
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