jeudi 23 janvier 2014

La gare de Nantes

…la nuit, puis au petit matin



et celle de Saint-Nazaire, il y a quelques années

souvent, quand il fait nuit, la gare de Saint-Nazaire
a  les couleurs d’un port avec sa mer-caillasse
battant de tous ses rails les flancs des quais déserts
pointillés de mégots, noyés dans la brouillasse

           du côté de la mer, la ligne bleue des Vosges
et les lampes lilas trouent la nuit, les enseignes
la gribouillent et dans l’air aux souvenirs de sauge
les plaques d’or de l’escalator rouillé saignent

           à huit heures tout à coup, silencieux et fumant
le fantôme argenté surgit, feux allumés,
croisant son frère aîné aux globes rougeoyants
de lapin albinos à la face étamée

           et de nouveau plus rien, là-bas sous les pylônes
la ville et tous ses gens ont plongé, endormis,
dans un sommeil opaque, moi dans ma cage jaune
je croque un chips, doigts gourds, les yeux clos à demi

           le vent gèle mes doigts, j’attends le train du soir,
le dernier pour Paris, pendant que juste en face
dans l’échelle des lucarnes flambant sur l’encre noire
la femme de ménage têtue passe et repasse

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