jeudi 13 janvier 2011

Du sens à ce que l'on fait




Il y a des moments dans la vie qui donnent du sens à tout ce que l'on a fait, que l'on fait et que l'on va faire.
La soirée du mardi 11 janvier a été l'un de ceux-là, pour moi : à 21h30, création de ma pièce, Marzïa, en portugais, traduite par Alexandra Moreira-Silva, dans une mise en scène de José Martins, au TMA, avec Alberto Quaresma, Ana Borges, Daniel Fialho et João Farraia, dans les lumières de José Carlos Nascimento, et le son de Guilherme Frazão.

Perdus au milieu de leur piscine vide, peau du théâtre inversée, jouant avec la nuit, le jour, les sons, les ombres, les mots, la craie, le sable, la vaisselle ou les déchets pêchés dans le fleuve, Marcia, Nuno, Luis et Alvaro sont soudain devenus absolument vivants, le temps de la représentation, dans une salle comble et suspendue à leurs lèvres.
Par terre, des billes de verre, comme autant de jeux d'enfants, de larmes de Marcia solidifiées, de flocons de neige rapportés par Vasco, fondus-suspendus. Dans nos oreilles, les mouettes mentales de Marcia qui tournoient.
Et, au milieu, ces quatre solitudes rayonnantes qui incarnent tous les lambeaux de vie qui les traversent et les feuillettent, le temps d'une phrase, d'un souvenir, d'un éclat de rire ou d'un reflet.

Je n'aurais pas pu rêver de mise en scène plus proche de mon état d'écriture. Bien que je n'aie aucune image en tête, quand j'écris, rien que des voix, des voix et des sensations, je mesure la proximité de cette représentation scénique avec l'état dans lequel j'ai travaillé l'écriture de cette pièce, en toute intuition.

Sans doute le coeur de cette pièce, son espace-temps, Cacilhas et son quai, a-t-il été le terrain commun indescriptible et si riche que nous avons tout de suite partagé, avec José puis avec les comédiens et toute l'équipe. Mais aussi des affinités théâtrales et poétiques qu'Alexandra avait devinées, elle qui s'est faite la go-between de ce cheminement de travail, des mots à la scène.

Grâce au TMA, dont la production nous a offert un vrai temps de travail, ces mots écrits à Almada sont retournés rencontrer les spectateurs d'Almada, en premier. Et c'est pour cela que j'écris du théâtre : pour partager avec d'autres humains des histoires qui racontent nos vies d'aujourd'hui, plus vraies que la réalité.

Alors merci à toutes celles et tous ceux* qui ont accompagné ce long chemin de travail partagé, merci à toutes celles et tous ceux qui ont formé un maillon de cette chaîne humaine, artistique et généreuse qui m'a menée de ce premier jour de février 2007, quand, dans le cadre de “Partir en écriture", j'ai découvert O Ponto Final, désert, sous la pluie, à mardi soir dernier, au TMA !

*Parmi lesquels : Patrice Douchet et le Théâtre de la Tête Noire, Corinne Bernard et Beaumarchais-SACD, Alexandra Moreira-Silva, Jean-Paul Lefèvre, Claire Dupuy et l'institut Français de Lisbonne, Jacques Connort et Alexandre Tchobanov, José Caldas, José Leitao et Jorge Louraço Figueira, José Martins, Joaquim Benite, Rodrigo Francisco et tout le TMA…



Plus d'infos sur :
http://www.ctalmada.pt/cgi-bin/wnp_db_dynamic_record.pl?dn=db_temporada&sn=temporada_11&orn=969