lundi 9 avril 2012

2 instants de grâce à Granville

Deux instants de grâce à Granville, autour du théâtre, toujours.

Le premier, au Théâtre de la Haute-Ville, pendant le spectacle de la classe de 6° autour d'un montage de mes textes jeunesse, notamment "Frigomonde", où soudain nous les voyons jouer pour de bon et y prendre tellement de plaisir, face au public pour la première fois, emportés par la force de la représentation.
Cerise sur le gâteau : après la fin écrite par Nicolas qui me fait frissonner chaque fois : “Elle est où Karin ? Elle est là, dans les livres, dans les pendrillons, dans les projecteurs, dans nos voix, dans nos regards, dans nos gestes…”, une mère assise à côté de moi se penche et m'avoue : “Moi, quand j'ai commencé à lui faire répéter votre texte, à ma fille, j'ai vraiment trouvé que c'était n'importe quoi mais là, maintenant que c'est joué, je le comprends. C'est bien, même. Vraiment bien. Continuez !”

Le second instant de grâce, c'est l'écoute pendant puis le silence après la représentation des "Deux soeurs", dans la salle de sport du Centre de rééducation Le Normandy, sur le front de mer, devant une soixantaine de patients dans toutes les conditions. Le rideau de bâche semi-transparente s'ouvre, l'odeur du cassoulet monte et, devant les tables de ping-pong repliées, simplement couvertes de draps blancs, sous la lumière crue des bacs fluos, les deux soeurs nous jouent leur vie. Le public réagit finement, écoute et rit, commente à voix basse, c'est déjà beau. Puis elles finissent au Pôle Nord, au milieu des icebergs de tissu, elles pêchent avec leur parapluie, elles nous sourient, et là, le silence… qui dure… on entend juste le murmure des vagues, dehors, en contrebas… woaoh.
Deux cerises encore : Une patiente qui prend la parole, ensuite : “Vous dites que c'est une histoire inventée, mais ça pourrait presque arriver dans la vraie vie.” Et l'un des animateurs du centre : “Pour du théâtre, c'est vachement bien, il faudra recommencer, en fait.”

J'aime ces remarques étonnées, soulagées, sur le théâtre. Elles me rappellent le “Si c'est ça, le théâtre, alors je veux bien !” de l'une spectatrice du Bureau, après la lecture finale au Théâtre de l'est parisien.

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